La peur de l’abandon est une émotion qui se manifeste principalement dans les relations affectives, mais peut également toucher d’autres sphères de la vie. Elle génère des angoisses et des souffrances que l’on peut avoir du mal à maîtriser. Dès lors, des réactions excessives peuvent se manifester à l’égard des personnes qui comptent pour vous : colères, agressivité, jalousie… Et d’autres comportements, qui peuvent avoir de graves conséquences sur votre bien-être et celui de vos proches. Heureusement, il est possible d’appréhender la peur de l’abandon et de la surmonter. Avant cela, il est nécessaire de bien comprendre son origine, ses symptômes, et ses conséquences.
Sommaire
La peur de l’abandon : qu’est-ce que c’est ?
La peur de l’abandon est un sentiment qui se déclare dès l’enfance, et qui peut perdurer pendant de nombreuses années. Concrètement, il s’agit de la crainte d’être séparé d’une personne qui nous est chère, qu’il s’agisse de son partenaire, d’un ami, ou d’un collègue proche. Les thérapeutes s’accordent à dire que la majorité des blessures d’abandon émergent pendant les premières heures de la vie d’un nourrisson. Elles font souvent suite à la séparation de la mère à la maternité (pour motif médical, notamment) ou à un bouleversement du cocon familial (séparation des parents, naissance d’un frère ou d’une sœur…).
Ce type de peur peut ensuite disparaître pendant de nombreuses années avant de réapparaître à l’âge adulte. En réalité, une fois ancrée en nous, la peur de l’abandon va rester latente jusqu’à ce qu’un événement marquant la fasse rejaillir (rupture amoureuse, décès d’un proche…).
Egalement appelée angoisse de la séparation, cette blessure fait partie des 5 blessures de l’âme qui peuvent nous empêcher d’avoir une vie pleinement épanouie (avec le rejet, l’humiliation, la trahison et l’injustice).
D’où vient la peur de l’abandon ?
Comme vu précédemment, la peur de l’abandon provient essentiellement de traumatismes vécus pendant l’enfance. Différentes situations ou comportements ont pu créer ces traumatismes (certains ont déjà été évoqués brièvement) :
- la séparation du nouveau-né de sa mère, peu après sa naissance, pour lui administrer des soins médicaux, peut être à l’origine d’une angoisse de la séparation.
- des parents peu présents ou absents durant les premières années de la vie de l’enfant : cela a pu créer un manque d’affection chez l’enfant ou la sensation qu’ils auraient pu partir à tout moment.
- un changement de mode de garde : si l’enfant est passé d’une nounou, qui s’occupait de lui à domicile, à une structure collective telle qu’une crèche, celui-ci peut avoir été inconsciemment affecté par ce changement.
- un manque d’affection, des comportements violents, ou de la maltraitance durant l’enfance ont pu générer chez l’enfant un sentiment d’insécurité, qui peut avoir des répercussions sur sa manière d’aborder les relations à l’âge adulte.
- des événements douloureux, tels que l’abandon réel de l’enfant par ses parents, le deuil difficile d’un proche, ou la séparation de ses parents peuvent engendrer la crainte de revivre ce genre de situation.
- le fait qu’un des parents ait lui-même subi la peur de l’abandon : en général, le parent va vouloir compenser cette angoisse par une relation très forte avec son enfant, et il aura tendance à vivre très mal chaque séparation avec ce dernier. Ce qui va immanquablement déteindre sur l’enfant concerné.
Comment se manifeste la peur de l’abandon ?
Susceptible de ressortir à tout moment de la vie, suite à un traumatisme, la peur de l’abandon peut prendre différentes formes :
- L’anxiété et le stress excessif : une personne atteinte de cette crainte a tendance à s’inquiéter constamment pour ses relations et à imaginer toutes sortes de scénarios d’abandon.
- La dépendance affective : il s’agit d’un besoin vital de se sentir aimé et soutenu, qui entraîne des comportements excessifs, voire étouffants dans certains cas.
- Le sentiment de jalousie ou de possessivité : ces réactions sont souvent motivées par une anticipation du rejet et la volonté de garder les personnes proches sous contrôle.
- La difficulté à s’engager dans une relation : paradoxalement, certains individus manifestent leur peur de l’abandon en évitant systématiquement les situations où ils risquent de s’attacher, ce qui les conduit à fuir toute forme d’intimité affective.
Analyser sa propre expérience de la peur de l’abandon
Pour mieux comprendre comment la peur de l’abandon se manifeste chez soi, il peut être utile de se poser quelques questions :
- Quels événements ou situations me font ressentir cette peur ?
- Comment je réagis lorsque je suis confronté(e) à cette angoisse ?
- Quelles pensées ou croyances alimentent la crainte de l’abandon ?
Répondre à ces interrogations permettra d’y voir plus clair pour mieux appréhender les mécanismes sous-jacents à cette peur.
Conséquences de la peur de l’abandon dans la vie de tous les jours
Lorsqu’elle n’est pas prise en compte, la peur de l’abandon peut affecter considérablement son bien-être et sa relation aux autres :
- Difficultés à prendre des décisions par soi-même : besoin permanent de faire appel à ses proches pour faire des choix ou s’assurer que l’on prend les bonnes décisions
- Tendance à voir les choses de manière négative : tendance à anticiper le pire de chaque situation, ce qui génère une angoisse récurrente
- Difficultés à nouer des amitiés ou entretenir des relations amoureuses équilibrées, en raison des comportements parfois intrusifs ou insistants découlant de la dépendance affective
- Tendance à s’investir dans des relations peu satisfaisantes ou toxiques, du fait d’une difficulté à prendre du recul et à se fixer des limites
- Manque de confiance en soi et envers autrui : tendance à être très critique envers soi-même, à croire qu’on ne mérite pas l’autre, et à craindre que l’autre ne nous quitte pour quelqu’un de mieux
- Sensibilité aux addictions ou sujet aux troubles alimentaires : dans certains cas, la volonté de combler un manque affectif peut conduire la personne à consommer des substances addictives (tabac, alcool, drogues, médicaments…) ou à adopter des comportements alimentaires néfastes (anorexie ou boulimie, notamment).
Etre attentif aux réactions de son entourage
Afin de prendre conscience des incidences de la peur de l’abandon sur sa vie sociale et affective, il est essentiel de prêter attention à la façon dont les proches réagissent :
- Ont-ils l’air surpris ou contrariés par votre comportement ?
- Y a-t-il des tensions ou des incompréhensions récurrentes dans vos interactions avec eux ?
- Vous reprochent-ils d’être trop collant, possessif ou demandeur ?
Ces éléments de feedback peuvent être autant de signaux d’alertes à prendre en compte pour ajuster votre attitude et travailler sur votre peur de l’abandon.
Peur de l’abandon : 5 pistes pour s’en libérer
1. Prendre conscience et analyser sa peur de l’abandon
Si vous lisez cet article, c’est que vous avez probablement conscience de votre peur de l’abandon. Toutefois, il est nécessaire de l’analyser pour en comprendre l’origine, et les conséquences qu’elle génère dans votre quotidien. N’hésitez pas à noter noir sur blanc ce qui, selon vous, a pu causer cette angoisse de la séparation, ainsi que les exemples de freins que cela provoque chez vous. Vous pouvez, bien entendu, vous inspirer des exemples de situations indiqués précédemment.
Nous vous recommandons la lecture d’un ou plusieurs ouvrages de référence sur la blessure de l’abandon. Ceux-ci vous permettront de creuser davantage le sujet, ou de l’appréhender sous un autre angle :
2. Améliorer sa confiance en soi
L’un des moyens les plus efficaces pour combattre la peur de l’abandon consiste à renforcer sa confiance en soi :
- S’accepter tel que l’on est, et accepter le fait que l’autre puisse vous aimer, avec vos atouts et vos faiblesses
- Développer ses qualités et compétences, afin de se sentir capable de faire face aux défis de la vie sans dépendre constamment des autres
- Affirmer son identité et ses valeurs, pour accepter qui l’on est et s’affranchir du regard des autres.
3. Favoriser des relations équilibrées, basées sur le respect mutuel
Pour des relations interpersonnelles équilibrées et saines, 3 règles fondamentales :
- Apprendre à respecter ses propres besoins et limites, en étant capable de dire « non » lorsque cela est nécessaire
- Encourager le dialogue et la communication sincère, pour exprimer ses sentiments et entendre ceux des autres, sans peur du jugement ou du rejet
- Eviter les réactions à chaud : prendre du recul sur les situations de tensions ou de conflits, prendre le temps de choisir les bons mots, avant de réagir
- Privilégier le soutien mutuel et la coopération, plutôt que la compétition et les rapports de force.
4. Apprendre à lâcher prise et à prendre du temps pour soi
La guérison de la peur de l’abandon peut être facilitée par le lâcher-prise, notamment via :
- des séances régulières de méditation ou de yoga, par exemple
- le fait de se concentrer sur les choses positives du quotidien, en faisant preuve de gratitude
Pensez également à vous écouter, à prendre soin de vous et de votre corps :
- accordez-vous des moments de détente (lecture d’un livre, massage, manucure…)
- faites des activités qui vous plaisent (activité manuelle, cuisine…)
5. Avoir recours à un accompagnement professionnel
Dans certains cas, le recours à un spécialiste peut s’avérer bénéfique pour désamorcer la peur de l’abandon et acquérir des outils pour gérer cette problématique. Plusieurs types d’accompagnements peuvent être adaptés à cette situation, tels que :
- Le coaching de vie, qui peut vous aider à vaincre cette peur dans le cadre d’un programme visant à améliorer votre confiance en vous et votre relation aux autres
- La thérapie cognitivo-comportementale (TCC), qui permet notamment d’identifier et de restructurer les pensées négatives liées à l’abandon
- Le soutien en groupe de parole ou la réalisation d’un atelier collectif, qui offre l’opportunité de partager son expérience avec d’autres personnes concernées par le même type d’angoisses.